J’ai voulus à travers ce travail, créer mes propres références en puisant dans les tirages photographiques de ma famille. Alors qu’internet nous submerge d’images, je voulais limiter mes références et mes inspirations afin de me retrouver dans un univers familier, sincère et rassurant. Cette démarche me vient peut être de mon père, antiquaire attaché aux objets et curiosités chargés d’histoires.
Les voyages personnels jouent aussi un grand rôle dans l’élaboration de ces références. Les diverses expériences de voyage, les découvertes, esquisses et recherches ainsi que les rencontres construisent une matière vivante et surtout vécue.
C’est donc avec une démarche d’archéologue qu’une nouvelle réalité et source d’inspiration prend forme. Cette série de peinture est le résultat de tirages photographiques et d’esquisses, décortiqués, découpés et ré-assemblés.
Des paysages inspirants, une lumière ou des silhouettes perdues en arrière plan, des matières et des couleurs; autant de thèmes picturaux et narratifs prêts à êtres assemblés et recyclés pour créer de nouvelles narrations.
Si l’assemblage est d’abord un acte plastique et graphique, il est aussi le résultat d’entremêlements de l’espace et du temps.
La cohabitation des ces spatialités et temporalités différentes réactivent des lors les souvenirs et les émotions. De nouveaux espaces fictifs voient le jours en proposant un cadre à une narration ouverte.
Les ciels, les masses végétales, les îles, les montagnes, ... ; la nature en général tends à l’abstraction des formes et des couleurs. Presque stylisée, la nature représente un idéal lointain, sujet à contemplation et rêverie. Les personnages sont disposés dans de vastes étendues paysagères et/ou architecturés, presque scéniques, et simplifiés. Ces saut d’échelles ajustables, entre scène et personnage crée une tension et un dialogue nécessaire à l’élaboration d’une nouvelle narration.
Cette série de peinture propose un voyage allant de l’espace intime vers un territoire au devenir partagé. Chaque subjectivité est alors invitée à se lancer dans l’exploration de ces scènes, libre d’imaginer l’avant et l’après et de les rattacher à ses propres souvenirs et idées.
Les esquisses sont réalisées au moyen du collage papier classique , du dessin et de l’outil informatique. Les compositions brutes sont figées pour mieux les retranscrire à l’ultime étape.
Ces mondes fictifs sont finalement agrandis, élargis et peints sur toile. L’image porteuse d’histoires trouve alors toute son autonomie.
Plusieurs couches de peintures acrylique fortement diluées et superposées permettent de créer une teinte de base et des effets de texture. Les différents éléments du tableau sont alors ajoutés en utilisant la peinture à l’huile et ses capacités de transparence. Certains éléments sont traités de manière opaque afin d’avoir une surface lisse ainsi que des couleurs franches et puissantes, comme par exemple les ciels colorés. D’autres éléments sont traités en glacis afin de moduler l’effet de texture préalablement obtenus avec la peinture acrylique, mais aussi pour harmoniser les ombres et les lumières des sujets. Un tableau est généralement finalisé avec 3 ou 4 couches de peinture à l’huile, superposée et laissant apparaître les différentes couches d’acrylique constituant les fondations de l’image.
Les tirages immobiles fusionnés se ré-animent dès lors en les peignant. L’aléatoire et l’improvisation permis par la peinture rajoutent alors une nouvelle couche de modification et rentre par moment en conflit avec l’idée picturale première.
Tel un projet architectural, la conception et l’élaboration de la peinture passe par plusieurs phases permettant d’affiner le rendu et de corriger les problèmes rencontrés.
A la manière d’une architecture sensible, l’espace du passé se reconstruit petit à petit. Véritables fenêtres ouvertes sur le monde, les toiles défient l’espace et le temps et recomposent une multiplicité d’univers parallèles où tout reste encore possible.




